8 septembre 1973 : orage et chute de grêle
A Laval des grêlons gros comme des œufs de pigeon
« Laval : des dégâts considérables pour cinq minutes d'averse de grêle
L'orage de grêle, qui durant quelques minutes s'est abattu samedi après-midi sur Laval, a semé la panique dans la ville, en même temps qu'il causait des dégâts considérables. Il s'est produit avec une extraordinaire soudaineté.
Dans cette atmosphère lourde, étouffante à laquelle nous sommes désormais habitués, le ciel s'est progressivement plombé pour devenir d'un noir d'encre.
Sans doute s'attendait-on à un orage, que d'ailleurs deux roulements de tonnerre venaient d'annoncer, mais absolument pas à cette avalanche de grêlons qui se déversa subitement sur la ville.
Tout s'est passé en cinq minutes, de 17 h 30 à 17 h 35 : les vents ont brusquement tourné et la perturbation est venue de l'est, c'est-à-dire du côté opposé où on pouvait s'attendre.
- De tels orages, nous a déclaré M. Denier, directeur des jardins de la ville, sont parmi les plus terribles. Celui-ci soufflait et ronflait comme un avion volant en rase-motte. c'était un véritable bombardement.
De fait, le diamètre des grêlons variait de 2 cm à plus de 5 cm, et leur poids de 20 à 50 grammes. on a même affirmé que certains accusaient 170 grammes à la pesée. durant ces cinq minutes, il est tombé 5 mm d'eau (à titre de référence le total des précipitations du mois d'août n'a été que 36 mm)...
Verrières, vérandas, châssis et serres pulvérisés
Aucune verrière n'a pu résister à un tel « matraquage » : toutes les vitres des vasistas, des vérandas ont volé en éclats. Ce fut surtout la catastrophe pour les cultures maraîchères avec les châssis pulvérisés et les plants détruits. C'est ainsi qu'un horticulteur, M. Sauvé, qui dispose de 12 hectares de serres, est sinistré à cent pour cent ...
Quelques blessés
Enfin, cet orage de grêle n'a pas manqué de faire quelques blessés parmi les passants, dont certains n'ont pas eu la possibilité de s'abriter immédiatement. A l'hôpital et dans les cliniques des gens, le cuir chevelu déchiré, ou atteints d'ecchymoses à la tête, sont venus se faire soigner. on n'a pas signalé de cas grave. »
Source : Extrait du journal Ouest-France du Lundi 10 septembre 1973
ADM : 2 PE2 148
Séance du conseil municipal du 21 septembre 1973 : Laval ville sinistrée
« M. le Maire [André Pinçon] s'explique sur la décision prise par la municipalité de communiquer à la presse un article d'information relatif à la chute de grêle du 8 septembre.
Il remercie MM. Roussel et Cosme qui, aussitôt après l'orage, ont fait diligence pour obtenir de M. le Préfet la réquisition de l'armée afin qu'elle puisse venir en aide aux établissements Sauvé, les plus durement touchés. Il précise que les représentants ont engagé aussitôt des pourparlers afin que M. le Préfet, sur la demande du Maire, prenne un arrêté déclarant Laval ville sinistrée.
A partir de ces faits, M. le Maire souligne qu'une mise au point était nécessaire à la suite de l'article paru dans la presse sous la signature du Syndicat des horticulteurs de la Mayenne, des remerciements ayant été adressés à tous les corps constitués à l'exception de la municipalité ; il est juste, ajoute M. le Maire, que le communiqué suivant soit livré à la presse :
« La municipalité de Laval se félicite de ce que de nombreux dégâts occasionnés par la chute de grêle du 8 septembre soient en voie de réparation. Certes, il reste encore beaucoup à faire mais les stocks d'ardoises disponibles permettent actuellement de faire face à tous les besoins.
Le Maire de la ville de Laval remercie tout particulièrement M. le Préfet qui, sur sa demande, a pris un arrêté déclarant Laval « ville sinistrée ».
Par ailleurs, dès le samedi soir, la municipalité est intervenue pour demander le concours de l'armée afin d'aider au déblaiement dans les entreprises horticoles les plus durement touchées. L'intervention des soldats rapidement obtenus par l'intermédiaire de M. le Préfet a permis d'apporter une aide précieuse et rapide à ces entreprises.
Nos sapeurs-pompiers, pour leur part, ont eux aussi été mis durement à contribution ! La promptitude de leurs interventions a permis de parer au plus pressé là où des couvertures étaient fort endommagées.
Il nous paraît intéressant de signaler les observations faites au cours de la soirée du 8 septembre par la station climatologique de la Perrine :
Horaire de la chute de grêle : 17 h 30 à 17 h 35.
Pluie : presque nulle.
Vent : du sud, sud-est, obliquant vers le nord-ouest à partir du centre-ville, soufflant donc assez violemment pendant la précipitation, dans le sens de la rivière la Mayenne.
Grêlons : 20 à 50 mm en moyenne, certains atteignant près de 100 g. Chute de très forte densité.
Eau recueillie : 5 mm.
Intensité du tonnerre : très forte.
Intensité des éclairs : moyenne.
L'orage paraît avoir sévi principalement sur une zone longeant la rivière des deux côtés, dans toute sa longueur, avec quelques pointes sur les quartiers extérieurs et la périphérie ouest de la ville. Ces données prouvent qu'un véritable petit cyclone accompagnait la précipitation de grêle.
En ce qui concerne les particuliers, l'arrêté déclarant Laval ville sinistrée a en effet une portée très limitée, comme il a été dit précédemment dans ces colonnes. Ceux dont la police d'assurance a effectivement prévu la couverture du risque « grêle » comme celui du 8 septembre pourront être dédommagés par leur assureur.
Il faut néanmoins signaler que la société des ardoises d'Angers a ouvert un « crédit couverture » qui peut dépanner de petits propriétaires qui ont subi des dommages importants. Il s'agit d'un prêt à un taux avantageux, remboursable en 6 ou 7 ans, pouvant couvrir jusqu'à 80 % du montant du devis des réparations. Le dossier à constituer est des plus simples et son examen des plus rapides. Les personnes intéressées n'ont qu'à s'adresser à leur couvreur qui est en mesure dès à présent de leur donner toutes précisions utiles. » ...»
Source : AML 1 D 56