En 1725, le laboureur de la Libergère doit une partie de ses récoltes.
Orthographe respectée. Seules les majuscules aux noms propres et les apostrophes ont été ajoutées pour une lecture plus aisée.
« Le trois mars mil sept cent vingt cinq apres midy,
Devant nous François Croissant notaire a Laval y resident, fut present Jacques Guesdon laboureur demeurant paroisse de Grenoux lequel consent que Marin Ivan Le Jeune sieur de la Fontaine et Guilhaume Le Roc ? demeurants audit Laval paroisse de la Trinité, leve a la recolte prochaine sur le nouvau commun du lieu de la Libergere ou ledit Guesdon estoit cy devant demeurant le nombre de vingt sept boisseaux de metail et six boisseaux d'avoine trois raier ? pour deux combles le tout mesure dudit Laval, tout quoy il leur doit, et qu'ils ont ainsy voulu, dont les avons juges, fait et passé audit Laval, presence de Michel Chemin et François des Echalliers huissiers royaux demeurants audit Laval tesmoins qui ont signé avec ledit sieur de la Fontaine et nous notaire en la minute des presentes controlée a Laval le 17 dudit mois par Legendre, et lesdits Guesdon et Le Roc dit ne signer de ce enquis ; signé : Croissant »
Source : ADM 110 J 31
Le fermier de la Libergère ne s'oppose pas à la création d'un équarrissage près de sa ferme. Il a de bonnes raisons pour cela.
Le 27 octobre 1859, dans une lettre au conseil supérieur d'hygiène et de salubrité publique de l'arrondissement de Laval, on peut lire ce qui suit :
«Messieurs,
Au commencement de l'année 1859, le sieur Lailler avait demandé à construire sur le territoire de la commune de Changé, une fabrique d'engrais animalisés et un chantier d'équarrissage. Renvoyée devant vous, cette demande avait été jugée favorablement avec conformité de votre avis, Monsieur le Préfet avait pris un arrêté d'autorisation. Ayant accompli toutes les formalités réglementaires, Lailler se trouva donc en droit de commencer son entreprise et il allait le faire lorsqu'une opposition tardive mais inquiétante est venue le traverser dans son projet. En prévision des embarras que cette opposition pouvait lui susciter, il a reculé. Mais n'abandonnant pas son idée, cet industriel s'est mis à la recherche d'un terrain plus propice et croyant l'avoir trouvé, il a adressé à Monsieur le préfet une nouvelle demande sur laquelle vous êtes aujourd'hui appelés à prononcer...
L'établissement dont il s'agit occupe un terrain d'une contenance d'environ douze ares largement pourvu d'eau et qui est situé à deux kilomètres de Laval dans la direction sud-ouest sur le bord de l'ancien chemin de Laval à Ahuillé, dit chemin des pavés, territoire de Grenoux.
A part la maison du propriétaire qui n'en est éloignée que de 100 mètres, les deux fermes les plus rapprochées sont à une distance l'une de 250 mètres, l'autre de 400 mètres...
L'enquête qui a été ouverte à ce sujet, a soulevé une opposition écrasante pour le moment et avec laquelle il vous faut nécessairement composer. Monsieur le maire et sept habitants de la commune d'Avesnières, Monsieur le maire et dix habitants de Saint-Berthevin, Monsieur le maire et quarante-cinq habitants d'Ahuillé enfin dix habitants de la commune de Grenoux, protestent de la manière la plus absolue contre le projet à examiner...
Les reproches que les opposants adressent à l'établissement sont :
1) les mauvaises odeurs,
2) la crainte d'accidents causés par l'épouvante des animaux qui sont obligés de passer dans le chemin,
3) le danger des piqûres de mouches venant de sucer des chairs putréfiées ou imprégnées de virus contagieux.
Ils sont les motifs d'opposition que notre commission a dû examiner avant de formuler son opinion...
Pour vous édifier à cet égard, permettez aux rapporteurs de votre commission de vous faire connaître la réponse que lui a faite le fermier de Libergère. Ne trouvant pas son nom sur la liste des opposants, quoique proche voisin, je crus devoir aller lui demander la cause de son abstention. Je me garderai bien me valoir de faire empêchement à cet établissement. Il est entouré pour la plupart de mes champs, mais j'y aborde aujourd'hui très difficilement et Lailler sera bien forcé de réparer le chemin pour l'exploitation de son industrie. J'ai donc tout avantage à le voir réussir dans sa demande car je compte pour peu de choses les mauvaises odeurs, les nez comme les miens ne sont pas si délicats.»
Source : ADM 5 M 129