Pourrait-on le croire aujourd'hui où notre quartier est recherché pour son calme et sa sérénité ? Imaginons-le au 19ème siècle, période à laquelle une agitation bruyante existe sur le site des fours à chaux. Nous sommes près de la maison dite des chaufourniers, là où sont les garages en surélévation. Regardons cette longue barre de 15 à 20 mètres de haut aux quatre ouvertures arrondies : ce sont les fours. Fondé en 1848, le site produit une chaux de première qualité comme l'indique le papier à en tête de l'entreprise.
Écoutons le vacarme produit par le chargement de la pierre calcaire venant des carrières du Bourny, le bruit de roulement ininterrompu des wagonnets, le ronflement des fours chargés de bois, puis de charbon et, qui avec le progrès, deviendront à vapeur.
Entendons les ouvriers qui s'interpellent en parlant haut pour dominer les bruits ambiants. Sentons sur notre visage la chaleur de la fournaise en approchant un peu plus des "gueules rouges". Assistons au transport des sacs de chaux sur les charrettes puis plus tard par camions.
Avant de quitter les lieux, levons la tête et regardons la petite statuette de la Vierge placée dans une niche sur la façade. Elle témoigne des risques encourus par les ouvriers de la chaux et leur besoin de protection. On peut retrouver dans la pénibilité de ce travail le monde de Zola et de "Germinal".
Quelques dates :
- Exploitation des fours à chaux du Bourny par la famille Gerbault jusqu'en 1917 (en 1880, 51% des fours de la Mayenne appartiennent à cette famille).
- Dans les années 30, fin de l'exploitation à la suite de l'inondation de la carrière principale.
- 1963 : Destruction des fours à chaux du Bourny. Les carrières seront comblées par les ordures de la ville de Laval.
Extrait de "Mémoires d'un quartier : le Bourny avant le Bourny"