La carrière « Coupeau » étant comblée, la ville de Laval est à la recherche de nouveaux lieux pour y mettre les ordures ménagères. Le Conseil municipal souhaite louée l'une des deux carrières du « Bourny » se trouvant à proximité. Il s'agit de la carrière sud qui a une superficie de 8400 m2 et une profondeur de 20 à 30 m environ. De nombreuses clauses sont prévues dans le bail, suite à des remarques faites par trois riverains (pollution des eaux, mauvaises odeurs, mouches). Une clause n'a pas été prévue : la présence de rats notamment. Prévue pour une durée de location d'au moins dix-huit années à compter de l'année 1957, elle s'est trouvée remplie au bout de six années.
Le 30 mars 1956, dans un extrait d'un registre du conseil municipal, on fait le compte-rendu suivant :
« Le service du nettoiement enlève chaque jour une trentaine de mètres cubes d'ordures ménagères. Beaucoup sont vendues aux fermiers des alentours et aux propriétaires des jardins ; d'autres celles du mercredi en particulier sont invendables doivent être abandonnées dans une décharge.
Jusqu'à présent le service utilisait la carrière Coupeau du « Bourny » mais elle est remplie ; il utilise provisoirement une carrière sise à la Rousine, route de Forcé, mais elle est trop éloignée de la ville et les ouvriers perdent ainsi trop de temps dans les allers et retours.
Aux alentours de Laval, nous ne voyons de disponible que les carrières de Rouessé appartenant à monsieur Mesnil.
Monsieur Mesnil accepte de les louer.
…/... »
Le 6 avril 1956 : Le maire de Laval Albert Goupil écrit à Me Vercherin notaire :
« Mon cher Maître,
J'ai bien reçu votre lettre du 30 mars 1956 et le projet de bail de monsieur et madame Mesnil.
J'accepte de signer ce bail sous d'une modification de détail.
Bien entendu, il est normal que la Ville soit entièrement responsable vis-à-vis du bailleur et des propriétaires voisins de tous troubles pouvant résulter pour eux de l'utilisation par la Ville de la carrière louée, notamment par suite de pollution de l'eau, odeurs nauséabondes ou mauvaise tenue de la carrière mais nous ne pouvons accepter de considérer l'eau du puits du fermier voisin comme actuellement potable puisque toutes les analyses faites jusqu'à présent ont démontré le contraire.
Je vous propose tout simplement de vouloir bien insérer dans le bail que l'eau est prise dans son état actuel, tel que cet état sera déterminé par analyses de plusieurs laboratoires ; le laboratoire départemental tout d'abord et le laboratoire principal des eaux de Paris, qui, en France, fait autorité en la matière.
Des prélèvements seront faits contradictoirement par des personnes compétentes (des fonctionnaires de la Santé) et vous pourrez conserver en votre étude, les résultats d'analyses qui vous seront envoyés par les deux laboratoires.
Et bien entendu, la Ville ne peut être tenue responsable des dommages causés aux habitants utilisateurs de l'eau, qu'à la condition formelle que la carrière Nord, c'est-à-dire celle qui ne serait pas louée, reste dans son état actuel. Supposons que cette carrière soit louée par monsieur Mesnil à d'autres utilisateurs pour des dépôts d'ordures, la Ville ne peut être tenue responsable des conséquences de cette location.
Cette réserve doit être également prévue au bail .../...»
Le 22 mai 1956 : l'inspecteur de l'Enregistrement est sollicité pour donner son avis sur la valeur locative qu'il convient d'attribuer à l'ancienne carrière de Rouessé à Laval, que la Ville envisage d'utiliser comme dépôt d'ordures.
« Cette carrière appartient à M. Mesnil Xavier, propriétaire exploitant au grand Rouessé à Laval. Elle forme une vaste excavation aux parois abruptes, d'une superficie, à l'ouverture, de 8.400 m2 environ, et d'une profondeur de 20 à 30 mètres. Maintenant inexploitée, elle ne paraît présenter aucun intérêt pour son propriétaire qui n'en tire aucun revenu. (Elle est déduite en superficie de la contenance de la ferme des Nupieds, dont elle fait partie, et qui est louée à la ferme).
En l'état actuel, la meilleure utilisation qu'on puisse faire de cette carrière est probablement de la combler.
Sa capacité énorme, sa proximité de l'agglomération et sa situation en bordure de chemin la désignent tout naturellement pour servir de dépôt public.
Dans cette éventualité, la carrière de Rouessé présente évidemment une certaine valeur d'utilisation, dont l'appréciation est surtout fonction du service rendu.
Le prix de 15.000 Francs demandé à titre de loyer annuel par le propriétaire, paraît à ce point de vue très raisonnable. A noter que ce chiffre représente le prix de fermage d'un hectare de bonne terre …/...
L'inspecteur central, signé P. Thomas »
Le 28 août 1956 : dans son rapport le subdivisionnaire des T.P.E. note :
« Par délibération en date du 30 mars 1956, le conseil municipal de Laval a décidé de prendre en location une ancienne carrière située au lieu dit « Rouessé », appartenant à monsieur Mesnil, pour y établir un dépôt d'ordures ménagères. …/...
Le choix de la ville de Laval s'est fixé sur la carrière de « Rouessé » parce qu'il n'existe pas d'autre emplacement possible à proximité de l'agglomération.
Cette carrière ainsi que celle qui lui fait suite est creusée dans le rocher calcaire, elle fournissait autrefois la pierre destinée au four à chaux de « Rouessé », maintenant abandonné.
Les deux carrières sont en partie noyées ; elles communiquent entre elles par une galerie creusée sous le chemin rural de « Rouessé » qui les sépare.
C'est la première de ces carrières, dite carrière sud, que la Ville compte utiliser. Sa capacité est suffisante pour absorber les ordures de la Ville, pendant une trentaine d'années. De la deuxième carrière nord, une galerie creusée dans le rocher évacue le trop plein des eaux de ruissellement ou d'infiltration vers le ruisseau du Rateau ??? [erreur de nom, il s'agit de l'Orger].
Le choix de la carrière de « Rouessé » comme lieu de dépôt ne doit pas soulever d'objection quant à son emplacement.
Sa distance du centre de la ville est de un kilomètre seulement ; elle est située en dehors du périmètre actuel de l'agglomération limité par le Boulevard Extérieur au-delà duquel la ville de Laval ne s'étendra pas avant de nombreuses années.
Du point de vue sanitaire, les inconvénients du dépôt d'ordures seront certainement moindres pour la population que ceux des fermes voisines ou des établissements existant déjà dans le même secteur : usine d'équarrissage, chenil de la S.P.A., champs d'épandage d'une entreprise de vidange. On n'a d'ailleurs jamais enregistré aucune plainte au sujet du dépôt d'ordures effectué pendant vingt ans dans la carrière Coupeau immédiatement voisine.
Les habitants de la ferme des Nupieds craignent que la pollution de l'eau dans la carrière entraîne la pollution de l'eau du puits qui alimente la ferme.
Nous pensons que cette crainte n'est pas fondée.
Des échantillons d'eau prélevés dans les carrières et dans la citerne de la ferme des Nupieds ont été analysés. Les analyses montrent que l'eau des carrières est nettement mauvaise et même dangereuse alors que l'eau de la citerne est, suivant les analyses, soit potable, soit seulement douteuse. (Il est possible que la pollution de la citerne soit due au mode de puisage employé par les fermiers). On en conclut que l'eau du puits qui alimente la citerne provient bien sans doute de la même nappe souterraine qui alimente les carrières mais qu'elle a subi, à travers le sol, une filtration plus ou moins complète et qu'elle ne provient pas directement du trop plein de la carrière nord ; il en serait autrement en effet si la galerie d'évacuation de la carrière débouchait directement dans le puits. Il est d'ailleurs normal que l'eau des carrières soit polluée puisqu'elle est stagnante et que les carrières ne sont pas à l'abri du ruissellement.
Même si la pollution de l'eau des carrières est aggravée par le dépôt des ordures, on peut admettre que la filtration naturelle sera suffisante en raison de la distance qui sépare le puits des Nupieds de la carrière nord ; les risques de pollution du puits par les fumiers de la ferme sont certainement beaucoup plus à craindre.
Le propriétaire des carrières craint également que la pollution de la carrière sud détruise le poisson élevé dans la carrière nord. Pour éviter cet inconvénient, la galerie faisant communiquer les deux carrières a été obstruée ; le niveau de l'eau s'est alors élevé dans la carrière sud et continue à monter comme l'indique le graphique ci-joint ; il continuera à monter jusqu'à ce qu'il atteigne le niveau statique de la nappe. Cette expérience prouve que les deux carrières ne communiquent pas librement et que la pollution de l'une par l'autre est évitée par filtration naturelle à travers les fonds rocheux.
On peut même ajouter qu'il serait judicieux d'obstruer également la galerie d'évacuation de la carrière nord afin d'éviter que l'eau de cette carrière puisse s'infiltrer par la galerie dans le puits des Nupieds. Cette opération aurait probablement pour conséquence une remontée du niveau de la nappe qui serait favorable à l'alimentation du puits.
On éviterait également d'une façon de polluer au départ, le ruisseau du Rateau ??? [l'Orger] bien que ce ruisseau serve par la suite d’exutoire à tous les égouts existant sur son parcours.
En tout état de cause, s'il est prouvé qu'un jour l'eau du puits des Nupieds est polluée par le dépôt d'ordures, la ville de Laval pourra sans grands frais, amener l'eau potable à la ferme à partir de la conduite qui doit être posée le long du Boulevard Extérieur.
Nous ne voyons aucun inconvénient à ce qu'il soit donné suite au projet de la ville de Laval de créer un dépôt d'ordures dans la carrière de « Rouessé ». Nous pensons cependant qu'il y aurait lieu de demander l'avis du service de Santé et de provoquer l'enquête prévue par l'article 7 de la loi du 19 décembre 1917, pour la création des établissements classés insalubres, le dépôt en question étant de première classe (n° 82 de l'annexe au décret n° 53-578 du 20 mai 1953).
Nous proposons de transmettre le présent rapport à monsieur le Préfet avec la délibération ci-jointe du conseil municipal de Laval, en vue de la mise en route de la procédure rappelée ci-dessus.
L'ingénieur des T.P.E. signé : Blanchet »
Le 24 octobre 1956 : la demande de création d'un dépôt d'ordures ménagères est faite par Albert Goupil, maire au Préfet de la Mayenne.
Du 20 novembre au 20 décembre 1956, l'enquête commodo et incommodo a lieu.
Jacques Blanchet ingénieur T.P.E. écrit au maire de Laval : « En exécution de l'arrêté préfectoral du 2 novembre 1956 suivant lequel j'ai été nommé commissaire-enquêteur dans l'enquête ouverte sur le projet de création d'un dépôt d'ordures dans la carrière du Bourny. J'ai l'honneur de vous transmettre le dossier de cette enquête en vous demandant de bien vouloir présenter votre mémoire en réponse dans le délai maximum de 15 jours.
J'ai entendu les déclarations de MM. :
Mesnil, demeurant au Rouessé, propriétaire de la carrière,
Jarry, exploitant le ferme des Nupieds,
Drouard, demeurant au Bourny,
qui ont confirmé les déclarations écrites, contraires au projet, remises au cours de l'enquête.
Les oppositions formulées se résument en trois points :
1° Risque de pollution des puits et des sources alimentés par la carrière ;
2° Gêne causée par les odeurs ou les fumées qui pourraient se dégager du dépôt d'ordures ;
3° Risque de propagation de maladies infectieuses par les mouches et autres insectes qui pourraient se développer dans le dépôt.
Veuillez ... »
« Au cours de l'enquête ouverte à la mairie de Laval du 20 novembre au 20 décembre 1956, trois observations ont été formulées contre le projet de création d'un dépôt d'ordures ménagères à la carrière de Rouessé.
Ces observations portent sur les trois points suivants :
1° Risque de pollution des puits et des sources alimentés par la carrière ;
2° Gêne causée par les odeurs ou les fumées qui pourraient se dégager du dépôt d'ordures ;
3° Risque de propagation de maladies infectieuses par les mouches et autres insectes qui pourraient se développer dans le dépôt.
I - Risque de pollution des puits et sources
Les puits les plus proches de la carrière sont celui de la ferme de Rouessé distant de 150 mètres, celui de la ferme de la Gourmétrie distant de 150 mètres, celui du Bourny distant de 200 mètres, celui de la ferme des Nupieds distant de 300 mètres.
Les deux premiers puits sont alimentés par des sources provenant sans aucun doute de la nappe qui alimente la carrière.
Les deux derniers sont alimentés directement par le trop-plein de la carrière nord : ils sont établis sur une galerie souterraine partant de ce trop-plein et aboutissent au ruisseau du Rateau ??? [l'Orger].
Les analyses des échantillons d'eau prélevés dans les carrières et dans le puits des Nupieds ont montré que l'eau des carrières était non potable alors que celle du puits était faiblement potable ou tout au plus douteuse.
On en avait conclu que le puits des Nupieds n'était pas alimenté directement par l'eau des carrières. Or il est facile de constater que le trop-plein de la carrière se déverse directement dans le puits par la galerie. Si l'eau du puits des Nupieds est relativement potable c'est qu'elle a subi une filtration partielle au cours de son trajet souterrain.
L'eau de puits du Bourny situé entre les Nupieds et la carrière n'est pas potable parce que son trajet souterrain est plus court et que la filtration sur le fond du tunnel est insuffisante.
Il est bien évident dans ces conditions que si l'eau de la carrière nord vient à être fortement polluée, il en sera de même du puits des Nupieds, la filtration sur le fond du tunnel devenant insuffisante.
Mais le dépôt d'ordures doit être fait dans la carrière sud et non dans la carrière nord. Or ces deux carrières sont séparées par une épaisseur de rocher de plus de 100 mètres et il est facile de les isoler complètement l'une de l'autre en obstruant le tunnel qui les relie. L'expérience déjà faite montre, bien que le bouchon du tunnel ne soit pas complètement étanche, que les deux carrières ne communiquent pas librement, puisque le niveau de l'eau s'est élevé de 2,60 m en un an dans la carrière sud alors qu'il restait constant dans la carrière nord.
Il n'est pas douteux qu'une épaisseur de 100 mètres de rocher constitue un moyen de filtration naturelle suffisant pour que la pollution de l'eau de la carrière sud ne vienne pas aggraver la pollution de l'eau de la carrière nord.
De même une distance de 150 mètres paraît simplement suffisante pour protéger les puits de Rouessé et de la Gourmétrie.
On peut donc en conclure avec certitude que la situation actuelle des puits avoisinant la carrière ne sera pas aggravée par la création du dépôt d'ordures projeté.
Mais en supposant que la qualité déjà douteuse de l'eau des puits du Bourny et des Nupieds soit rendue plus mauvaise il suffira que la ville de Laval établisse des canalisations d'eau potable alimentant le Bourny et les fermes voisines pour que la situation actuelle ne soit pas aggravée mais considérablement améliorée, puisque les habitants auront à leur disposition l'eau potable de la ville pour leur usage personnel et l'abreuvement des animaux, tout en continuant à utiliser l'eau des carrières pour l'arrosage des jardins.
Or le projet d'extension du réseau de distribution dans ce quartier doit être mis à l'étude incessamment et il est à peu près certain que sa réalisation interviendra avant la mise en exploitation du dépôt d'ordures.
II - Dégagement d'odeurs ou de fumées
Les craintes formulées au sujet des odeurs ou des fumées qui pourraient se dégager du dépôt d'ordures paraissent nettement exagérées.
Pendant de nombreuses années la ville de Laval a utilisé comme dépôt d'ordures la carrière de M. Coupeau distante de moins de cent mètres de la carrière sud de Rouessé : aucune plainte ne sait jamais élevée au sujet des odeurs qui pouvaient se dégager de ce dépôt ; il est bien vrai cependant que le feu couvait en permanence au sein des détritus sans que les fumées qui s'en dégageaient aient jamais incommodé les plus proches voisins.
Les détritus qui seront déposés dans cette carrière contiennent d'ailleurs une forte proportion de débris solides non putrescibles puisqu'ils proviennent presque exclusivement du ramassage du mercredi consacré aux détritus autres que les ordures ménagères.
Ils ne sont plus mélangés à une quantité importante de terres et de déblais divers provenant de démolitions ou de divers chantiers.
En tout état de cause la carrière se trouve à plus de 400 mètres des limites futures de l'agglomération lavalloise et à 150 mètres au moins des habitations les plus proches ; dans ces conditions les odeurs ou fumées qui pourraient éventuellement se dégager du dépôt d'ordures seront certainement beaucoup moins gênantes que celles qui proviennent des tas de fumier des étables ou des poulaillers entourant habituellement les habitations rurales ou encore de l'usine d'équarrissage toute proche.
On comprend mal en tous cas les craintes formulées par les habitants du lotissement des Fourches situé à plus de 400 mètres de la carrière dont ils sont séparés par un important mouvement de terrain et dans une direction étrangère à celle des vents dominants.
En résumé les craintes formulées au sujet du dégagement éventuel d'odeurs ou de fumées ne paraissent pas très sérieuses.
Il doit d'ailleurs être facile de supprimer tout dégagement d'odeurs au moyen de répandages périodiques de produits chimiques appropriés.
III - Propagation des maladies par les mouches ou les insectes
Il a été indiqué ci-dessus que la proportion de détritus putrescibles dans le dépôt serait relativement faible. Des fermentations génératrices de mouches ou autres insectes se produiront cependant. Mais au cas où il en résulterait un risque quelconque pour la salubrité il suffirait de les neutraliser au moyen de chaux vive ou de produits chimiques convenables.
Les craintes formulées à ce sujet ne semblent donc pas plus sérieuses que celles qui concernent les odeurs et les fumées.
En conclusion les oppositions formulées contre le projet de création du dépôt d'ordures de Rouessé ne doivent pas être retenues.
La seule objection valable concerne le risque de pollution de la carrière nord. Ce risque est infime puisqu'il est techniquement possible d'isoler complètement la carrière nord de la carrière sud. Mais à supposer qu'il demeure la ville de Laval s'engage à poser les canalisations d'eau potable indispensables et à prendre également toute mesure propre à éviter la gêne que le dépôt d'ordures pourra causer aux habitants. »
Le 12 janvier 1957 : le dossier complet est déposé à la Préfecture et le 3 juin 1957, la ville de Laval est autorisée à ouvrir le dépôt d'ordures. (Arrêté du Préfet n° 15-574)
Le 21 juin 1957, le bail de la carrière sud est signé.
« Pardevant Me René Vercherin, notaire à Laval (Mayenne) n° 10, rue des Fossés, sous signé. La ville de Laval loue la carrière pour une durée de 18 ans (reconductible) à compter du 1 er janvier 1957. Toutes les clauses concernant la qualité des eaux y sont notées.
Le 6 mars 1958 : le surveillant des services du nettoiement au directeur des services eaux et bâtiments constate que l'exploitation des carrières pose les problèmes suivants :
« Carrière Mesnil
Par suite de la fermeture de la carrière de la route de Forcé, les entreprises et industries lavalloises viennent de plus en plus nombreuses sur la carrière et de grosses quantités de matières y sont vidées.
Pour la bonne marche du service et la sécurité il semblerait nécessaire d'établir un règlement imposant certaines obligations aux usagers, ainsi qu'un horaire d'ouverture, car en raison du danger que présente cette carrière il n'est pas possible de la laisser ouverte.
Pour cet horaire, les entreprises demandent que la carrière soit ouverte jusqu'à ouverte jusqu'à 19 heures (fermeture actuelle à 17 h 30).
Les outils mécaniques des grosses entreprises fonctionnent jusqu'à 18 h 30, les camions viennent ensuite vider leurs chargements.
L'eau monte maintenant avec rapidité dans la carrière en raison du volume qui y est déposé, en conséquence il semblerait que les travaux nécessaires pour vider cette eau soient faits le plus rapidement possible. » …/...
En marge : « J'ai obtenu hier l'accord de M. Mesnil pour la pose d'une conduite dans la 2 ème carrière. Je vais la faire poser et on pourra vider la première carrière aussi souvent qu'on le voudra.
signé : Blanchet le 8 mars 1958 »
Le 21 juin 1958 : une enquête est faite après une réclamation de M. Georges Perrier au Bourny.
« Monsieur Perrier Georges, employé au centre hospitalier, réside dans le baraquement contigu à la carrière que nous venons de louer à monsieur Mesnil.
Il y a d'ailleurs 2 ménages dans ces baraquements :
- Perrier Georges : 4 enfants dont 1 de 12 ans vient de rentrer d'un aérium
- Perrier Roger, son frère : 2 enfants (3 ans et 7 mois).
Les intéressés ont obtenu le permis de construire pour ce baraquement en juillet 1957.
Les 2 ménages se plaignent d'être continuellement envahis par la fumée provenant du feu continu de la carrière.
C'est ainsi que la semaine dernière les camions de la SCOMAM sont venus déverser aux abords de la carrière des déchets de peinture qui, au contact des matières déjà en combustion, se sont immédiatement enflammés pour dégager une fumée épaisse et irrespirable.
Les deux familles Perrier demandent avec insistance qu'il soit pris des mesures pour éteindre le feu et que tout au moins des ordres soient données pour que le feu ne soit pas mis dans les matières spécialement combustibles (carton, papier, etc...).
Le secrétaire général adjoint (de la mairie) »
En 1960, cette famille sera relogée provisoirement à causes des odeurs nauséabondes et des rats qui pullulaient. [ à voir dans la page « Pouah!!!]
Le 23 juin 1961 : Monsieur Baudon, conseiller municipal donne lecture du rapport suivant :
« Le service de la répurgation signale que la carrière du Bourny utilisée actuellement comme dépôt d'ordures sera remplie dans un délai de deux années. Il convient donc de rechercher dès maintenant un nouveau lieu de dépôt.
Les emplacements possibles sont les suivants :
N° 1 – 2 ème carrière du Bourny à monsieur Mesnil
Cette carrière proche de la ville présente le grave inconvénient d'être sous les vents d'ouest et à proximité immédiate des lotissements de la Z.U.P. des Fourches et du futur centre hospitalier du Rocher.
Il est peu probable que le comité départemental d'hygiène accepte cet emplacement.
N° 2 – le ravin de Pritz …/...
N° 3 – le pré des Landes (route de St Berthevin à L'Huisserie)
N° 4 – le ravin de la Pignerie (en bordure du bois de L'Huisserie
N° 5 – le ravin de Vaufleury …/... »
Il était prévu que le comblement de cette carrière se ferait sur une durée d'une vingtaine d'années or elle est pratiquement pleine au bout de six années.
Source : AML 5 i 39