Si au XVII ème siècle le four à chaux de Claude de Meaulne était chauffé au charbon de bois, il n'en est plus de même au XIX ème siècle : ils seront alors alimentés en «charbon de terre».
En 1789 déjà, on retrouve dans des cahiers de doléances les craintes de manquer de bois. Tout au long du XIX ème siècle, un contrôle très strict va s'exercer sur l'emploi du bois comme combustible pour le chauffage des fours à chaux. Ceux-ci nécessitent une autorisation du préfet pour être construits; ils sont classés dans la catégorie des établissements insalubres par décret en 1810, puis en 1818.
"Le gisement d'anthracite de L'Huisserie a été reconnu en 1823. Des recherches sérieuses furent faites en 1830 par Jules Triger près du village des Landes. Une concession fut accordée en date du 13 décembre 1832, avec modifications par décret du 10 janvier 1852.
Une autre concession d'anthracite, dite de Montigné, contiguë à celle de L'Huisserie, a été accordée en 1857. Son obtention donna lieu à une vive polémique entre la Société de la Sarthe et de la Mayenne, qui possédait des concessions, et les demandeurs, qui obtinrent gain de cause, après cinq années d'attente et de difficultés."
Extrait du dictionnaire de l'Abbé Angot
Le 31 octobre 1857, la nouvelle société minière en nom collectif est formée par un groupe de propriétaires mayennais pour l'exploitation de la mine d'anthracite de Montigné. Sur un capital de 285.000 francs, la famille Gerbault apporte 78.000 francs.
La compagnie des Mines de Montigné exploitera la majorité des puits (13 au total) situés sur les communes de L'Huisserie et de Montigné. Cette Société peut s'appuyer sur les Gerbault. En 1863, la famille Gerbault est à la fois l'un des actionnaires et le principal client de la Société des Mines de Montigné : sur les 204.392 hl vendus, 48.000 hl sont allés à Pierre Gerbault-Bouleau (= père) (1 er client par l'importance), et 12.000 hl à Gerbault-Guichard (= fils) (4 ème client) ; l'ensemble forme 33 % de la vente. Cela permet de maintenir le niveau de la production minière. L'autre société, la Société Anonyme des Mines de la Sarthe et de la Mayenne en exploite cinq. L'exploitation minière commencée en 1858 s'arrêtera en 1907 pour L'Huisserie et en 1924 pour Montigné. Un accord fut passé entre les exploitants miniers et les chaufourniers de la région, les premiers leur vendant exclusivement le charbon pendant 7 ans.
Concurrencées par le charbon du nord de la France, de la Belgique et de l'Angleterre et par la baisse de la demande de chaux, les sociétés firent face difficilement. L'arrivée du chemin de fer a facilité les transports des marchandises. Le charbon de L'Huisserie n'était pas de très bonne qualité ce qui provoqua sa perte : « ce charbon était très dur à allumer et très dur à éteindre. Il a été utilisé dans les fours à chaux, il ne faut pas que ça se consomme trop vite. Donc, un charbon qui était dur à allumer ne posait pas de problèmes. Le four est en fonctionnement tout le temps » raconte un ancien mineur. La houille de Saint-Pierre-la-Cour sert, suivant les chaufourniers, à modérer la haute température produite par la combustion de l'anthracite des mines de L'Huisserie, Montigné ou le Genest-Saint-Isle.
L'arrivée du chemin de fer (ligne de Laval à Chateaubriant) à partir de 1861 avec la création d'une gare au Port-Sec a permis d'exporter ce charbon, une autre gare existait à Saint-Berthevin. Une ligne de wagonnets tirés par des chevaux allait des mines jusqu'à Port-Sec.
Sources: Thèse de Bernard Crenn : « Les fours à chaux des marges armoricaines de 1775 à la fin des années 30 » (Archives de la Mayenne : MC327)
Dictionnaire de l'Abbé Angot
L'Huisserie : « L'Avenir s'appuie sur le passé »
Maine Découverte n° 27 : « Le charbon fait pétiller les esprits » par Daniel Legeay
Revue 303 du 4 ème trim de 1984 : L'industrie de la chaux en Mayenne au XIX ème siècle par D Eraud et D de Maynard