Alphonse Pautrel demande l'autorisation d'établir un atelier d'équarrissage au lieu-dit de la Croix des Landes en 1885. La veuve Lallier, équarrisseur, lui a cédé en juin 1885, le fonds d'équarrissage qu'elle exploitait le long du chemin d'Ahuillé. Son fils voudrait exploiter le lieu.
Suivent des courriers concernant ce projet entre Alphonse Pautrel, le préfet de la Mayenne, les maires des communes environnantes.
Le projet sera refusé en novembre 1885.
"Monsieur le Préfet
Le soussigné Pautrel (Alphonse) équarrisseur, vidangeur autorisé et marchand d'engrais demeurant à la petite Boutellerie, route de St Berthevin, commune de Laval,
a l'honneur de vous exposer que la dame veuve Lallier, équarrisseur, demeurant à Laval rue du Gué d'Orgé, lui a cédé à partir du 5 juin présent le fonds d'équarrissage qu'elle exploitait prêt la
Croix-des-Landes chemin d'Ahuillé, commune de Laval propriété appartenant à M Liger.
Il vient, en conséquence, vous prie, Monsieur le Préfet d'avoir la bonté de lui accorder l'autorisation nécessaire pour exploiter cette usine, au lieu et place de la dite dame veuve Lallier et au nom du sieur Pautrel (Joseph) son fils, garçon majeur.
Comme son fils désire commencer le plus tôt possible, il vous sera reconnaissant de
faire droit à sa requête.
Il est avec un profond respect, Monsieur le Préfet, votre très humble et très obéissant
serviteur A Pautrel Laval, le 5 juin 1885
13 juin 1885
Monsieur le Préfet,
Le 9 du courant vous avez bien voulu me communiquer pour renseignements la
demande qui vous a été adressée par le sieur Pautrel, aux fins d'obtenir l'autorisation de succéder à Mme veuve Lallier dans l'exploitation de l'établissement d'équarrissage, sis près la
Croix des Landes, chemin d'Ahuillé, commune de Laval.
MM Lallier et Charpentier avaient été autorisés par un arrêté préfectoral en date du 23 janvier 1862 à établir un clos d'équarrissage.
A cette époque l'usine dont il s'agit pouvait paraître suffisamment éloignée de maisons d'habitations; elle se trouvait en bordure d'un vieux chemin, alors presque entièrement abandonné.
Aujourd'hui la situation a bien changé. Il a été établi depuis 5 ans un chemin vicinal, très fréquenté, qui met les communes d'Ahuillé de St Berthevin et autres avoisinantes en relations journalières avec la ville de Laval. L'usine qui nous occupe se trouve immédiatement en bordure de ce chemin, d'où des inconvénients, des dangers peut-être, qui n'existaient pas au temps où l'autorisation a été accordée.
Par ces motifs je suis d'avis que la demande du sieur Pautrel fasse l'objet d'une enquête de commodo et incommodo.
ci-joint la demande
Agréez je vous prie, Monsieur le Préfet, l'assurance de mes sentiments respectueux
le Maire Billion
Ville de Laval
Enquête
L'an mil huit cent quatre vingt cinq, le quatorze août,
Nous, Maire de la ville de Laval
Avons ouvert le présent registre d'enquête sur lequel seront consignées les observations des habitants pour ou contre le projet du sieur Pautrel d'exploiter le fonds d'équarrissage tenu
par la dame veuve Lallier, à l'endroit dit la Croix des Landes, chemin d'Ahuillé, commune de Laval.
La dite enquête ordonnée par un arrêté de M le Préfet de la Mayenne en date du 28 juillet 1885, en conformité du décret du 15 octobre 1810, de l'ordonnance du 14 janvier 1815 et du décret du 31 Xbre 1866, a été annoncée par affiches et publications le quatorze courant et durera un mois.
Et le vingt six août mil huit cent quatre vingt cinq, à dix heures du matin, s'est présenté :
« Le fonds d'équarrissage tenu par mme veuve Lallier, à l'endroit de la Croix des Landes, chemin d'Ahuillé, commune de Laval que M Pautrel, équarrisseur à Laval, demande l'autorisation d'exploiter, est
insalubre et dangereux. Les propriétaires et le fermier de la closerie de Laillerie, sise commune de Laval, et par extension commune de St Berthevin, ont doublement à souffrir du dit fonds d'équarrissage, qui empeste Laillerie et près duquel les chevaux attelés refusent parfois de passer. A diverse reprises j'ai failli verser en passant en cabriolet près de l'usine infecte qui longe un chemin dont le .?. important depuis sa récente ramification vers St Berthevin. »
« Je supplie l'administration de refuser l'autorisation demandée par M Pautrel.
Je la prie de considérer que les vents d'ouest arrivent à Laval chargés de miasmes dangereux du fait d'un .?. immonde formé par l'établissement de mme veuve Lallier, par les établissements de mr Pautrel et par ceux de la Racinière. »
« Laval le 26 août 1885 J Moren
Au nom de Mr Moulay propriétaire de la ferme de la Libergère, qui m'y autorise, et en celui du fermier Mr Mareul, je proteste de toutes mes forces contre l'établissement de l'usine que veut établir aux Landes le sr Pautrel. Le voisinage de cette usine si à proximité de la ferme, est un foyer d'infections en même temps qu'un danger sérieux pour le personnes du voisinage et pour les bestiaux. Je me joins en tous points aux observations inscrites ci-dessus par Mr Mareul et serai reconnaissant à l'administration municipale qu'elle refuse l'autorisation demandée.
Laval, le 26 août 1885 Martel »
« Le soussigné tant en son nom qu'au nom de sa soeur prie l'administration de ne pas accorder l'autorisation demandée par le sr Pautrel - des établissements insalubres sont déjà installés à peu de
distance. Laval le 26 août 1885
Je proteste contre la reorganisation de letablissement decarrissage exploite autrefois par la veuve Laillier par ceque cette etablissement est insalubre et dangereux Laval le 26 août 1885 Bougrier »
« Je certifie que l'établissement d'équarrissage situé route d'Ahuillé est malsain et dangereux
Laval le 26 août 1885 C Bougrier »
« Nous demandons que l'établissement ne soit pas autorisé et nous le declarons insulubre et dangereux Laval le 26 août 1885 Veu et Ju trillon »
« Le soussigné proteste contre l'établissement insalubre et dangereux que le sr Pautrel veut établir à la Croix des Landes;
Il proteste en outre comme économe des hospices de Laval attestant qu'il arrive des odeurs infectes jusqu'à l'hospice St Louis de l'usine Lallier que le sr Pautrel veut rouvrir
Laval le 26 août 1885 Lemaitre »
« Le receveur des hospices atteste l'exactitude de l'observation faite par Mr Lemaitre en sa qualité d'économe. à Laval le 26 août »
« Je proteste contre la réouverture de l'établissement d'équarrissage exploité autrefois par mme veuve Lallier sur le chemin d'Ahuillé cette exploitation étant très mauvaise et insalubre tant au point de vue des passants que des voisins. Laval le 26 août 1885 Boisard G »
« Je soussigné proteste contre le retablissement de l'équarrissage sus désigné dans la présente demande – 1° Il n'aurait jamais du exister se trouvant à moins de 200 mètres du village de la Croix des Landes, habité par plusieurs familles, et et contenant même une petite auberge servant le dimanche de réunion aux fermiers et domestiques des environs – 2° Il se trouve désormais placé sur un chemin vicinal de grande communication aboutissant au chemin d'Ahuillé a Laval et nouvel embranchement à la route nationale de Laval a Rennes. Ce chemin destiné à être très frequenté pourrait donner lieu a des accidents de voiture occasionés par l'odeur du sang et des debris animaux effrayants les chevaux et
autres bêtes conduites sur cette route. Il y aurait aussi lieu de tenir compte des maladies charbonneuses occasionnées par les piqûres de mouches, ou autres insectes ayant séjourné sur des matières en putrefaction ou sur des chairs d'animaux morts elles mêmes d'une maladie infectieuse.
Laval le 26 août 1885 JJ Defontaine »
« Pour les motifs exposés par les précédents signataires, le soussigné, au nom de Madame
Auguste le Segretain, sa mère, propriétaire de la ferme du Closchenil, cme de St Berthevin, près le Bourgnouveau, déclare faire opposition au projet du sr Pautrel tendant à rétablir à son profit, l'atelier d'équarrissage de la veuve Lallier dans l'emplacement que cet atelier occupe actuellement. Laval, le 27
août 1885 le Segretain »
« Je certifie que l'établissement de Mme veuve Lallier est insalubre et dangereux et m'oppose formellement a ce que l'exploitation de cette usine soit continuée.
Laval le 27 août 1885 F Fourier »
« Je proteste contre l'établissement d'équarissage projeté par le sieur Pautrel comme étant de nature à nuire à la salubrité des riverains ou passants se trouvant occasionner par les piqures de
mouches les accidents les plus graves et meme mortels
Laval le 27 août 1885 P Geslot »
« Laval le 28 août 1885
Je certifie que l'établissement d'équarissage situé route d'Ahuillé est malsain et dangereux pour la cécurité publique M Durand boucher place du Lieutenant »
« Je soussigné Certifie que l'établissement d'équarissage projeté par le sieur Pautrel, qui possède déjà deux autres établissements de même nature dans le même quartier serait des plus
dangereux se trouvant sur le bord de la route ou chemin vicinal de Laval à Ahuillé aujourd'hui très fréquenté et demande à ce que cet établissement ne soit pas autorisé
Laval le 9 septembre 1885 Théodore Boutruche fermier au gros chêne »
Avis
Nous, Maire de la ville de Laval, soussigné,
Vu le registre d'enquête ci-dessus,
Considérant que MM Lallier et Charpentier avaient été autorisés par un arrêté préfectoral en date du 23 janvier 1862 à établir un clos d'équarissage sur le bord de l'ancien chemin de Laval à Ahuillé;
Qu'à cette époque de 1862 l'Usine dont il s'agit pouvait paraître suffisamment éloignée de maisons d'habitations; qu'elle se trouvait alors dans le voisinage d'un vieux chemin, non entretenu, presque abandonné, très peu fréquenté;
Qu'aujourd'hui la situation a bien changé; que depuis 5 ans environ un nouveau chemin a été établi et traverse cette partie de la commune de Laval où se trouve l'établissement d'équarissage, lequel chemin a pour objet de mettre les communes d'Ahuillé, de St Berthevin et
autres communes avoisinantes en relations directes et journalières avec la ville de Laval;
Que l'Usine qui nous occupe se trouve immédiatementen bordure de ce nouveau
chemin, classé vicinal, qui est très fréquenté depuis son ouverture, d'où dès lors, une cause
réelle d'insalubrité, des inconvénients de toute sorte, qui ont été révélés à l'enquête, des dangers même;
Qu'il y a lieu par suite de ce nouvel état de choses, de faire droit aux réclamations
déposées pendant la durée de l'enquête, par un grand nombre de propriétaires, voisins de l'établissement d'équarissage tenu par la veuve Lallier,
En conséquence le Maire, soussigné, estime que la demande du sieur Pautrel doit être repoussée.
A Laval, hôtel de la Mairie, le 15 7bre 1885
Le Maire Billion Aimée
Rapport sur la demande faite par Mr Pautrel de continuer l'équarrissage de Mme veuve Lallier, à la Croix-des-Landes
Le 7 octobre, M le V Président du Conseil d'hygiène de la commission permanente se sont rendus à la Croix des Landes, route d'Ahuillé, à l'effet d'examiner le bien fondé de la demande de M Pautrel, d'y exploiter un équarrissage. La La commission a non seulement vu l'endroit et les batiments qui font l'objet de la demande, mais encore elle a visité l'usine de la Biennerie, éloignée de quelques centaines de mètres de la Croix-des-Landes, et appartenant au même M Pautrel. A quelques centaines de mètres de la Biennerie se trouve la Boutellerie, atelier de poudrette, appartenant toujours au dit M Pautrel.
La commission, ainsi que son Président, se fondant sur la proximité de ces deux ateliers, qui ont le même but et le même propriétaire et que le nouveau est sur le bord de la route, est d'avis que, pour les mêmes motifs il n'y a pas lieu d'accorder l'autorisation demandée, ni de multiplier les usines de ce genre.
Nota. Le plan annexé au dossier est tout à fait insuffisant : les batiments, objet de la
demande, n'y sont même pas indiqués! La Commission réclame, pour l'avenir, des renseignements plus complets, et nécessaires.
Laval, le 9 octobre 1885 Dr Larue rapporteur de la Commission
Conseil d'hygiène
séance du 15 octobre 1885
Présidence de Mr Crié, Vice-Président
Le Conseil d'hygiène s'est réuni le 15 8bre, à 2 heures du soir, à la Préfecture, sous la Présidence de M le docteur Crié, V président.
Sont présents : MM Crié, Vilfeu, Delaporte, commandant du génie, Billion, Sinoir, Souchu-Servinière, Larue, Brou, Tremblay et Doisneau.
Les membres absents sont excusés.
M le Président veut, avant de commencer la discussion des affaires à l'ordre du jour, rendre un hommage mérité à la mémoire d'un des plus jeunes membres du Conseil d'hygiène,
le Docteur Robin. Ce jeune confrère, par son travail, son intelligence, son savoir, sa bonne confraternité, s'était créé une situation importante dans notre ville. Sa mort prématurée est une grande perte pour le Conseil d'hygiène, aux travaux duquel il eut pris une part des plus actives et des plus utiles.
Le Conseil, à l'unanimité, s'associe à ces témoignages de regret et de sympathie.
Porcherie Salmon, rue Magenta .../...
Etablissement d'équarrissage – demande du sr Pautrel.
Mr Larue lit le rapport suivant : [voir séance du 9 octobre]
Lecture de l'avis de Mr le Maire de Laval sur les protestations déposées par un grand nombre de voisins : [voir avis du 15 septembre]
Le Conseil, trouvant justes les protestations des intéressés, protestations résumées dans l'avis de M le Maire de Laval, pense qu'il n'y a pas lieu d'autoriser la réouverture de l'atelier
d'équarrissage, jadis exploité par le sr Lallier.
Le secrétaire Doisneau
Laval, le 20 9bre 1885
Avis
Le Conseil de préfecture de la Mayenne
Vu la demande du sr Pautrel en date du 5 juin 1885 de rouvrir l'atelier d'équarrissage que la veuve Lallier exploitait autrefois près de la Croix-des-Landes chemin d'Ahuillé à Laval
Vu le procès verbal d'enquête ordonné par arrêté préfectoral en date du 28 juillet 1885 ouvert le 14 août à la mairie de Laval et clos le 15 7bre 1885
Vu l'avis de Mr le Maire de Laval contraire à l'établissement de l'atelier d'équarrissage dont s'agit
Vu l'avis émis par le Conseil d'hygiène à la date du 15 octobre 1885 conforme à l'avis de
Mr le Maire de Laval
Vu les autres pièces au dossier
Vu la loi du 15 8bre 1810 et le décret du 25 mars 1852
Est d'avis de refuser l'autorisation demandée
Les conseillers le vice-Président
Extrait d'un des registres des arrêtés du Préfet de la Mayenne du 25 novembre 1885
Objet : Etablissement d'un atelier d'équarrissage : refus
Certificat de notification
Le Commissaire de police de Laval soussigné certifie avoir notifié au sr Pautrel, un arrêté de Mr le Préfet de la Mayenne en date du 25 9bre, par lequel il a rejeté la demande formée par lui, dans le but d'obtenir l'autorisation de rouvrir l'atelier d'équarrissage exploité autrefois par la veuve Lallier.
Laval le 28 novembre 1885 le commissaire de police
Reçu l'arrêté sus mentionné signé A Pautrel"
L'orthographe de tous ces documents a été respectée.
Sources : ADM 5 M 143