Ce bâtiment a demandé quatre années de négociations acharnées et d'études approfondies. Tout commence au printemps 1976 lorsque la mairie soumet au Comité d'Animation du Bourny les plans du futur centre social du Bourny.
Pour le CAB, ce projet ne correspond pas aux besoins du quartier et ne s'inscrit pas pas dans la vie sociale du quartier ; il est donc refusé. Des enquêtes sont faites par le CAB qui fait une contre-proposition à la municipalité. Les habitants du quartier ne veulent pas d'un centre social mais une maison de quartier, un terme encore inemployé à Laval. L'appellation sera finalement retenue en 1982. depuis tous les centres sociaux de la ville sont progressivement rebaptisés « maison de quartier ».
Il faudra attendre 1980 et une septième étude. Une consultation est adressée à tous les habitants du quartier. En l'espace de trois mois, une soixantaine de réunions sont menées au domicile des habitants de chaque rue. Une fois par mois, les membres de la commission « Maison de quartier » du CAB et les responsables du CEAS se réunissent pour faire le point. La conception du bâtiment est négociée avec René Maison l'architecte.
Les travaux démarrent en 1981. L'édifice se trouve en bonne place sur la place de la Commune, pratiquement en face du premier local utilisé par le CAB. Le bâtiment est spacieux et fonctionnel, avec son sous-sol, son rez-de-chaussée et son premier étage. Il est opérationnel en novembre 1982 et sera inauguré le 19 février 1983 en présence de Michel Rocard, ministre chargé du Plan et de l'Aménagement du territoire.
Source : « La belle aventure collective du CAB » écrit par Philippe Vasseur
A suivre les grandes lignes de la construction de la maison de quartier à travers les archives officielles de la ville de Laval.
Le 6 février 1979, un rapide historique du projet de centre social, maison de quartier du Bourny est présenté par la municipalité qui a engagé le dialogue avec les habitants du Bourny et le Comité d'Animation.
Quelques dates :
- le 25 avril 1975 : un face à face au public, à la Meslerie, où M. René Maison architecte du quartier présente le premier projet du centre social.
- le 6 juin 1975, une délibération du conseil municipal adopte le premier projet de M. Maison.
- le 1er décembre 1975, la ville louait un appartement pour le service d'économie familiale de la C.A.F..
- le 1er février 1976, la D.D.A.S.S. occupe les locaux que la municipalité mettait à sa disposition.
- le 6 février 1976, la D.D.A.S.S. donne son accord sur le premier projet « Maison ».
- le 3 février 1976, le projet est remis en cause par le C.A.B..
- le 9 février 1976, le dossier est confié à la C.A.F..
- le 1er juillet 1976, un premier plan est proposé par le C.A.B..
- le 30 décembre 1976, la municipalité relance le C.A.B..
- le 26 janvier 1977, une réunion est souhaitée par la municipalité pour faire le bilan de l'enquête.
- le 11 octobre 1977, réunion de la commission des affaires sociales avec le C.A.B. à la mairie.
- le 14 décembre 1977, enquête reçue à la mairie.
Plusieurs rencontres ont eu lieu, dans le courant 1978, dont une en juin, où M. Maison présente son projet en fonction du résultat de l'enquête.
- en juillet 1978, le C.A.B. refuse le projet de M. Maison.
La municipalité déclare au C.A.B. que ce projet est trop onéreux, par rapport aux possibilités financières municipales.
- le 22 décembre 1978, rencontre entre la municipalité, le C.A.B. et les partenaires sociaux. La municipalité propose de revoir tout le projet avec l'architecte de la ville et la possibilité d'obtenir deux pavillons de la S.A.C.O.L.A.. A cette réunion la D.D.A.S.S. demande à continuer ses activités dans l'appartement qu'elle occupe déjà.
Un premier projet est présenté par la municipalité :
- deux appartements en collectif, d'une superficie de 147,27 m2 permettant le fonctionnement d'un service social comprenant un service social de secteur : assistantes sociales ; un service P.M.I. (médecins, puéricultrices) ; consultation P.M.I. ; accueil secrétariat médico-social ; implantation d'une crèche familiale à domicile d'une capacité d'accueil de 40 enfants, avec un secrétariat et une puéricultrice à plein temps et utilisant les locaux de la consultation des nourrissons du service social du secteur.
Les frais de fonctionnement de ces deux structures sont pris en charge par le budget municipal et représentent pour 1978, le somme de 20.000 F.
- deux pavillons, situés à 200 m du centre de la place de la Commune bénéficient d'une superficie au sol de 1.000 m2 dont 212 m2 construits.
Ils seraient les lieux d'accueil des activités enfants des mercredis, petites et grandes vacances, dans le cadre de la commission extra-municipale des loisirs avec le bureau du chef de centre ainsi qu'une pièce de réunion pour les animateurs.
Ces pavillons permettraient la mise en place d'ateliers : poterie, céramique, dessin, tissage, fils croisés, peinture, modélisme, pyrogravure, ateliers d'expression en général, ainsi que le lieu de rangement des matériels d'activités destinés aux centres de loisirs. Ces pavillons offrent l'avantage d'être suffisamment excentrés pour justifier l'implantation d'activités bruyantes ; outre la superficie du jardin permet la mise en place d'activités extérieures.
- Un bâtiment central, en 3 modules de 335 m2 dont la composition est la suivante :
- 1er module : une halte-garderie de 126 m2 dune capacité d'accueil de 20 enfants dirigée par la puéricultrice de la crèche familiale avec une auxiliaire de puériculture et une éducatrice aux jeunes enfants à temps plein ; le budget municipal assurer le fonctionnement.
- 2ème module : constitué d'une superficie de 65 m2 modulables par des cloisons mobiles : lieu d’accueil et d'activités pour les adultes.
3ème module : comportant le service économie familiale et son bureau du secrétariat, et le bureau C.A.B. dont le secrétariat est situé à l'accueil du bâtiment.
A ce 3ème module est adjoint un vaste rangement destiné aux divers mobiliers et matériels utilisés, soit dans la salle polyvalente, soit pour les activités adultes.
Le bâtiment aura une façade parcourue par une galerie couverte prolongeant celle de la supérette et les mêmes matériaux et les mêmes enduits de façade. L'isolation phonique et thermique sera particulièrement soignée pour tenir compte des différentes utilisations des modules. Le chauffage sera assuré par une chaudière installée dans la salle polyvalente.
Le conseil municipal, dans son budget 1979, aura une proposition d'inscription budgétaire de 1.800.000 F... Délais de réalisation : 8 mois à compter de l'obtention du permis de construire.
Ce projet ne verra pas le jour.
Le 15 novembre 1980, l'architecte René Maison présente un nouveau projet.
« La maison du quartier de la Z.A.C. du Bourny à Laval est conçue en temps que « pôle » social, culturel et d'animation pour tous les âges et pour toutes les personnes.
Le hall est un lieu de rencontre, d'accueil et de distribution. En conséquence, j'ai retenu un coin cheminée pour des causeries – un bar pour éviter l'évasion vers d'autres bars ! - un vaste espace d'exposition pour diffuser l'information, mais aussi la vulgarisation de la culture.
Les fonctions sociales et éducatives sont desservies par les demi-niveaux, avec mezzanine, pour éviter le clivage des niveaux connus dans tous les bâtiments administratifs.
Les accès pour les handicapés se font par l'extérieur, à chaque niveau, et, hors programme, j'ai réservé l'emplacement d'un ascenseur. L'incorporation des rampes à l'intérieur m'obligeait à construire 28 m linéaire de rampes qui réduisaient d'autant les surfaces du hall.
Du point de vue architecture, ce bâtiment est similaire au gymnase et à la supérette qui enchâssent le centre social. c'est le lieu qui achève la composition de la place centrale. »
Le 5 mars 1981, une demande de permis de construire est déposée.
Suite après l'appel d'offres les entreprises suivantes sont retenues : Gros œuvre : Cattirolo-Lepage ; plâtrerie : Jamelin ; Charpente : Paillard ; Couverture : Cruard ; Menuiserie : serrurerie générale fléchoise ; menuiserie intérieure : Somabois ; Électricité : Isolec ; Plomberie : Gueniffrey ; Chauffage : Bouchon Bouchard ; Carrelage : Cert ; Vitrerie : Lefresne ; Peinture : Lucas ; Ascenseur : Armor lift.
Source : AML 3 M 5
Terminée en novembre 1982, elle sera inaugurée le 19 février 1983 par Michel Rocard.
Un article du journal Ouest-France retrace cet événement, en voici quelques extraits : « En trois heures d'horloge, samedi après-midi, Michel Rocard a endossé trois casquettes : celles de ministre ministre du plan et de l'aménagement du territoire], de l'ami et du militant politique. Arrivant d'Angers, le ministre d’État est allé directement au Bourny pour l'inauguration de la maison de quartier .../...
Le quartier était à demi déserté pour cause de vacances de février, mais quelque 200 personnes toutefois ont accueilli Michel Rocard à son arrivée. Des habitants et des personnalités telle Mlle Jausion, directrice de l'action sanitaire et sociale, M. Le Page, M. Chauvelier, vice-président de l'ESCAL, les présidents des centres sociaux de la ville, etc. Après une rapide visite, M. Donal, président du conseil de maison, a rappelé l'attachement du quartier à « une conception de l'animation qui favorise la responsabilité des habitants et de leurs associations ».
Retraçant l'historique du Bourny créé depuis 1974, M. Donal a présenté sa population actuelle : 1.400 enfants de moins de 14 ans ; 700 jeunes de 15 à 24 ans ; 1.300 personnes de 25 à 40 ans ; 500 de 40 à 60 ans et 130 retraités habitant dans un millier de pavillons et 200 appartements. Et aujourd'hui, il y a 195 licenciés à l'association sportive et 750 participants aux activités hebdomadaires du comité d'animation, le C.A.B.. Le président Donal a rappelé aussi la gestation de la maison de quartier. « Après trois ans de tensions, voire des conflits, vous avez Monsieur le maire, débloqué la situation et mis en œuvre une solution acceptée par tous les partenaires de ce projet. Nous avons fait l'expérience de la confrontation entre professionnels, élus et militants d'associations ; expérience difficile mais positive. Elle a permis aux uns et aux autres de se reconnaître dans leurs fonctions différentes.
L'essentiel reste en chantier, a conclu M. Donal. Cet outil doit être un instrument pour assurer l'aide aux personnes, favoriser la rencontre, renforcer l'expression des habitants. Il convient de trouver les structures de participation et de prise de décision adaptées. »
Pour Michel Rocard, la « ténacité bilatérale » qui a présidé à la construction de la maison de quartier est « un processus démocratique de qualité » et « le fait qu'il ne s'agisse pas d'un établissement plaqué, c'est une garantie de bonne utilité ». Saluant l'architecte pour l'utilisation du bois, « un matériau trop souvent oublié », Michel Rocard a fait ensuite un hymne à la vie de quartier, « relais indispensable pour le surgissement du tissu associatif. Une maison de quartier, c'est le symbole de la reconquête de la qualité de vie ans la ville ». Enfin, le ministre s'est félicité de la polyvalence des services de voisinage : « c'est quelque chose de recréateur des vraies solidarités en milieu urbain, c'est le plus ».
Source : Ouest-France du 21 février 1983