Il existe très peu de documentation concernant Rouessé à cette époque. Le seigneur de Rouessé semble vivre à Saint Germain en Laye dénommé alors Montagne du Bon air chez la sœur de la marquise de Préaulx. Il fait gérer ses biens par Me Mottier notaire. (Ce dernier décèdera d'ailleurs au cours de son emprisonnement au couvent des Bénédictines.) D'autres personnes de confiance l'aident aussi dans leurs différentes propriétés. Les biens de la famille de Préaulx seront menacés de saisie car elle fournit tout d'abord des certificats de résidence et de non émigration qui ne sont plus reconnus puis elle met beaucoup de temps à les fournir, à les renouveler et à justifier de sa situation. Ces certificats doivent être renouvelés tous les trois mois et doivent parvenir dans tous les lieux ou ils ont des biens. Un des fils du marquis au moins, Charles Marie, est soupçonné d'émigration pour les mêmes raisons. Ce dernier, alors que ses biens sont saisis, répondra à l'appel pour défendre la nation contre les Chouans. Son frère, Alexandre-René de Préaulx, prêtre, sera lui emprisonné aux Bénédictines d'abord comme suspect puis pour avoir caché des objets liturgiques et de l'argent.
Les biens saisis ou sequestrés sont estimés et mis aux enchères. Les notaires ou hommes de confiance de la famille demandent aux colons ou métayers des différents lieux de se porter acquéreurs "pour le compte des anciens propriétaires" au prix de l'évaluation. Ensuite un membre éloigné de la famille rachète tous ces biens. Mr de la Blanchardière cousin de Marthe de Meaulne rachète ainsi tous les biens autour de Lancheneil. Cela a dû aussi être le cas à Rouessé. Cela explique le fait que les "émigrés ou considérés comme émigrés" soit toujours propriétaires après le Révolution.
A suivre, la correspondance relative à la gestion des biens du marquis de Préaulx ainsi qu'une lettre de réclamation datée de 1825 de Manon Houdeline pour des faits passés en 1793. Elle aurait évité au marquis de perdre des biens et ses titres de Rouessé et Lancheneil notamment. Dans ces lettres, on peut aussi avoir des renseignements concernant la météo, les problèmes du quotidien, la conscription des soldats, ...
La révolution à Laval : extrait de "1790-1795 Laval" de Jean Steunou aux Editions Siloë
La répression s'intensifie à la fin du mois de mars (1793) et se révèle probablement efficace puisque nous avons vu que le gros des enrôlements (levée de 300 000 volontaires décrétée par la Convention nationale. Laval fournit régulièrement ses contingents de volontaires, 751 jusqu'en septembre 1793) a eu lieu les 1 er et 2 avril. Les citoyens Foucher et Esnu-Lavallée sont délégués par la Convention nationale pour décider des mesures de sûreté générale. Les deux conventionnels commencent par un discours enflammé :
"Républicains !
La liberté est menacée de nouveau dangers; le sang de nos frères coulent de nos remparts. Un peuple généreux, le peuple de Liège, expire sous le fer des bourreaux. La patrie vous appelle à les venger...." *
Ensuite les commissaires de la Convention adoptent des mesures plus concrètes; Le citoyen Foucher ordonne au commandant de la Garde nationale de faire provisoirement en état d'arrestation différents particuliers de cette ville que leur conduite et leurs relations ont rendu suspects et dangereux. Il recommande que l'opération délicate fût faite demain matin avant le jour; qu'il y eut si c'est possible autant d'escouades que de maisons afin que l'arrestation eut lieu partout en même temps. Diverses sources donnent la liste des personnes arrêtées; 45 noms y figurent mais les mêmes sources précisent aussi qu'une dizaine de personnes échappe à l'internement, étant à la campagne. Les lavallois des deux sexes arrêtés sont reclus au couvent des Bénédictines.
Cependant, ces arrestations ne sont pas encore la "Terreur". L'abbé Angot le précise dans sa note : les sorties des détenus s'échelonnent jusqu'au 12 juillet, date à laquelle tous les reclus ont retrouvé la liberté.
*AD53 / E 96.742
La "Terreur" : octobre 1793 à novembre 1794
Esnu-Lavallée était avocat et maire de Craon.