Dans les plaintes qui suivent, les paroissiens de Grenoux demandent que les nombreux impôts qui leur sont imposés par le seigneur, le clergé et le roi soient supprimés. Les clauses qui sont imposées par les propriétaires sont aussi dénoncées : les corvées, les garennes et fuies, etc...
"Mémoire pour les habitants de la paroisse de Grenoux et leurs députés qui se trouveront à l'assemblée indiquée le six Mars 1789, devant Monsieur le Lieutenant général du siège royal de Laval.
Demander et représenter que la taille, capitation, accessoires et corvées se monte à plus cinq sols pour livre du produit des terres, sans comprendre le rolle du sel qui est un impos désastreux dont ils demandent la suppression.
Demander la supression du tarif, attendu que les habitants étant proches de la ville, ils en payent une partie.
Qu'il ne pourra estre nommé et pris des députés que dans le Tiers Etat.
Que la bannalité des fours et des moulins soit suprimée égallement que les corvées dues aux Seigneurs.
Que les garennes et fuyes soyent détruits.
Demander la supression des aydes et le reculement des barieres des traites*.
Demander la supression de la gabelle et du tabac et qu'il soit établi une autre imposition en argent.
Demander que la noblesse et le clergé payent égallement que le Tiers Etat et ne jouissent et ne fassent point valoir en exemption de taille d'aucuns domaines.
Supression des huissiers priseurs.
Que les dixmes qui appartiennent au prieur de Perils soyent remis et donné au curé de la paroisse pour avoir un vicaire et soulager les pauvres.
Que les rentes tant en grains qu'en argent et autres droits dus à l'église et aux seigneurs puissent estre amortis au denier vingt.
Qu'il soit établi dans chaque ville et paroisse du royaume un bureau de charité pour le soulagements des pauvres aux dépends des biens fonds des bénéfices, qui est le bien naturel des malheureux et dont les bénéficiers ne sont que dépositaires.
Fait et arresté par nous habitans soussignés, le premier Mars mil sept cent quatre vingt neuf.
Signé : René Fournier, Jacques Autin, Pierre Bourdais, Louis Carré, Charles Outin, Pierre Deffay, François Rebuffé, Jean Segretain, Louis Pellier, Jean Seiget, François Genée, René Noir."
Une famille Deffay a, tout au long du XVIII ème siècle, été preneuse de baux sur le domaine de Rouessé, Jean Saiget a quitté la métairie de Rouessé en 1787.
* On appelait traites dans les anciennes ordonnances les droits que l’on prélevait sur les marchandises à l’entrée et à la sortie d’une province ou d’un royaume ; elles se nommaient dans le latin du moyen âge tributum transitorium ou tributum transiturae ou simplement transitura (impôt payé pour le passage).
Source : cahier de doléances de Grenoux, Archives Départementales de la Mayenne (salle de lecture)