Mémoires de ce qui est dû par Monsieur de Préaulx à Me Mottier pour les années 1817-1818
Etat des dépenses à faire sur les biens du marquis de Préaulx en 1817 et 1818
Ne sont rapportés ici que ce qui concerne Rouessé, dans ce même document, on parle aussi de Lancheneil et de Nuillé-sur-Vicoin.
* Les dépenses sont classées en deux catégories : urgent (u) et non urgent (nu). Le franc est utilisé depuis le 17 germinal de l'an XI (7 avril 1803). Suite à cet état des dépenses, on trouve plusieurs pages d'observations qui justifient les frais à engager sur les biens du marquis de Préaulx. Me Mottier, notaire à Laval, donne aussi son avis sur des travaux qu'il trouve importants et propose aussi des améliorations à faire comme transformer les douves du château de Rouessé en jardin anglais.
Travaux à effectuer :
"Terre de Rouessay
75 : Les étables du fournil à refaire coûteront 1800 Fr (nu)
76 : Celier au Bourni et remplacement de la maison des Nupieds qui ne vaut rien et qui a servi jusqu'ici 400 Fr (u)
77 : Deux croisées à refaire à la cuisine du château qui n'en ayant qu'à chassis dormant manque d'air 72 Fr (u)
78 : Pan de couverture à relever sur la maison 216 Fr (u)
79 : Pan de couverture à relever sur l'étable de Rouessay 240 Fr (u)
80 : La chaussée des douves ne tient plus l'eau, les douves menacent tous les ans d'être à sec. Le poisson y périt l'été, faute d'eau, on ne peut dire ici précisément de combien sera cette réparation. On peut toujours compter au moins 600 Fr (u)
81 : Le pont d'entrée ne vaut plus rien ni les poutres qui le soutiennent à refaire en maçonnerie 400 Fr (u)
82 : Couverture de la Diorée à relever à neuf et la charpente à renforcer 400 Fr (u)
83 : Couverture du celier à relever à neuf et la charpente à renforcer 125 Fr (nu)
84 : Le pignon de la maison du Bourni et le grenier de cette maison à recarreler couterait 115 Fr (nu)
85 : Maison de la Bessonnerie à refaire menaçant ruine 1500 Fr (nu)
86 : Réparations d'entretien 300 Fr par an pour 1817 et 1818 (u)
87 : Dépenses imprévues pour les deux années 600 Fr (u)
Total : 2418 Fr (u) et 3700 Fr (nu)
Sommes encore dues : 480 Fr
Soit un total de 7598 Fr "
Les recettes sur les terres de Rouessay à échéances de Toussaint 1817 et 1818 sont de 7770 Fr et couvrent donc tout juste les dépenses prévues.
Observations
"Quoique la somme des dépenses à faire pour 1817 paraisse énorme, Monsieur de Préaulx ne saurait néanmoins se flatter qu'il ne lui restera plus rien à faire. J'ai eu l'honneur de lui observer plusieurs fois, que les réparations d'entretien ayant été négligées pendant des temps considérables, [Il suffit de relire les différentes montrées du 18 ème siècle pour en avoir un aperçu] sur toutes ses terres, elles se trouvent toutes ou à peu près toutes, dans un état de dégradation et de vétusté effrayant. Des fermes entières sont à rebâtir. Celles où il a été fait quelques bâtiments neufs, en ont encore en ruine, ou qui menacent ruine ...
[suivent quelques exemples]
Ces objets et plusieurs autres de ce genre sont compris dans l'état des réparations à faire dans le cours de ces deux années 1817 et 1818; mais ce qui n'est pas compris et ce qui doit nous présager de nouvelles réparations à faire, lorsque celles-ci seront exécutées, c'est la grande quantité de bâtiments dont les murs sont lézardés, surplombés et pendants. C'est qu'une infinité de charpentes n'ont pas eu, dans le principe, les dimensions nécessaires pour leur solidité et lorsqu'elles devraient être à peine à moitié usées, elles menacent ruine, c'est que destinées pour la plus part à ne recevoir que du bardeau; elles ont été faites trop légères et les chevrons ont été placés à trop de distance. C'est que ce bardeau, genre de couverture dont on a reconnu aujourd'hui l'abus, n'a qu'une durée de vie très courte tandis qu'il coûte presqu'autant que l'ardoise et que la plus part des bâtiments qui ne sont pas neufs, depuis 15 à 20 ans, en sont couvertes. C'est encore que sur la terre de Préaulx, la pierre y est d'une mauvaise qualité, qu'elle s'écaille et se dissout à l'air et surtout à l'humidité suivie de gelée. On aurait s'il fallait des exemples à citer presque toutes les fermes qui composent l'administration de Monsieur de Vilcler.
Monsieur de Préaulx ne peut pas penser, que les sommes qui lui sont proposées pour réparer chaque objet, soient positivement celles à dépenser, pour les réparations de ces objets. Ce n'a pu être que par apperçu qu'on a donné l'appréciation des travaux à exécuter. Quelquefois on se trouvera au-dessous; aussi souvent encore on ira plus loin. La réparation des moulins, des chaussées et autres ouvrages d'eau, ne peut jamais être parfaitement appréciée. Il n'y a que le neuf dont on puisse donner le prix, sinon d'une manière positive, au moins très approximative.
[Suit l'état du château de Lancheneil et autres lieux autour de Nuillé-sur-Vicoin]
Chapelle de Rouessay. La laissera-t-on tomber ? Je regarde sa réparation comme impossible. Je ne pense pas que Monsieur de Préaulx la veuille faire refaire à l'entier.
Les douves de Rouessay, ont l'inconvénient de toutes celles qui ne sont pas alimentées par un courant d'eau. Elles se détériorent chaque année, et tous les ans le poisson a plus de peine à s'y conserver l'été. Il en périt toujours quelque peu faute d'eau. Je crains que bientôt la chaleur ne les mette à sec.
Répugnerait-il à Monsieur de Préaulx de ne plus retenir l'eau dans ces douves et de les laisser herber? Je crois que cette eau croupie qui y reste l'été, ne peut que rendre désagréable et mal sain l'habitation du château dans les chaleurs. Si on veut les conserver en eau, il faudrait faire la dépense de les faire glaiser dans le fond. Il faudrait toujours que la chaussée soit coupée et refaite dans son milieu.
Je ne sais si Monsieur de Préaulx voudrait ajouter à l'agrément de son habitation de Rouessay. Il pourrait y faire une fort jolie maison en logeant sa fermière dans l'autre cour et reprenant le logement de cette dernière. Il faudrait un sacrifice de six à huit mille francs, ou beaucoup moins, cela dépendrait du plan qui serait adopté. On pourrait alors faire des douves une espèce de jardin anglais très joli. C'est une opération qui n'est peut-être pas à rejeter trop légèrement, si Monsieur de Préaulx compte venir souvent habiter Rouessay et peut-être serait-ce un motif de l'y déterminer, en y trouvant plus d'agrément et de commodité.
Enfin je regarderai comme une dépense assez utile, la réparation du chemin de Rouessay à Laval. Ce serait un moyen de donner du travail l'hiver à quelques malheureux dans le besoin, et en s'entendant avec le maire de Grenoux et les propriétaires riverains; on pourrait parvenir à faire à peu de frais, un chemin très viable et très beau, pour toute espèce de voitures, cabriolets ou berlines. Cette réparation faite serait un nouveau motif pour M de Préaulx de séjourner à Rouessay; ayant la commodité d'aller et de venir à tout instant à la ville en voiture."
Sources : ADM 29 J 5