Plusieurs familles se sont succédées sur les terres de Rouessé : d'abord les Rouessé, puis les Mathefelon, de Meaulne et de Préaulx. Enfin, M. Charles de Preaulx, de la Guerche, vendra Rouessé à M. Pierre Gerbault, chaufournier, en 1858, pour 175.650 francs.
En 1110, il est fait pour la première fois mention de Geoffroy de Rouessé dans une charte d'Avénières. Vassal de la famille de Saint-Berthevin, alors en lutte d'influence contre les Laval, le seigneur de Rouessé a sans doute reçu pour rôle de veiller à la sécurité du bourg d'Avénières fondé quelques années auparavant par ses suzerains.
Garnier de Rouessé est débiteur d'un cens (redevance) de 4 deniers au prieuré d'Avénières au XII ème siècle.
Jamet de Rouessé
Jeanne de Rouessé épousa en 1302, le dimanche après la Saint-Jean-Baptiste (fin juin), Juhel de Mathefelon, fils de Foulques de Mathefelon, seigneur d'Assé-le-Boisne et de Montflours.
Le nom de famille de Mathefelon se rencontre dès les origines féodales. Au XVI ème siècle, la famille de Mathefelon se fondit au Maine dans celles de Meaulne, de Brie, du Raynier. L'origine de cette famille est intéressante : « un des petits neveux de Geoffroy Grises-Gonnelle ayant fait construire au bord du Loir une forteresse destinée à tenir en bride des petits tyrans féodaux qui désolaient toute la contrée comprise entre Angers et Durtal, elle reçut le nom très significatif de Mathefelon. Le but de concept est proposé fut si bien atteint, que la voie publique ne tarda pas à désigner les propriétaires du château sous le nom du château lui-même. Non content de mâter les félons angevins et plus tard les ennemis du royaume de France, s'il se signala dans la plupart des expéditions entreprises pour conquérir haut pour défendre Jérusalem et le Saint-Sépulcre contre les infidèles.
Suivent ensuite à Rouessé,
Thibault de Mathefelon, marié à Macée de la Ferrière;
Juhel de Mathefelon (1343-1365);
Jean de Mathefelon, seigneur du Châtelier (Saint-Berthevin);
Juhel de Mathefelon, marié le 16 février 1394 à Jeanne le Cornu;
Jean de Mathefelon, fils de Juhel, engage Rouessé pour 530 écus à Catherine Bouschet, épouse d'Antoine Coulonneau, le 24 avril 1490.
Simonne de Meaulne, fille de Guillaume III de Meaulne, seigneur de la Bouillère, veuve de Mathurin des Vaux et de Jean Hatry, fit le retrait lignager* de la terre de Rouessé vendu par Jean de Mathefelon le 16 juin 1493. Elle mourut sans enfant.
* Possibilité pour une personne de racheter un bien vendu auparavant par un de ses parents.
Jocelyn de Meaulne, seigneur de Rouessé et autres places, fit un partage avec ses sœurs, en l'an 1512. Il épousa Christophette de la Houdinière.
René de Meaulne, 1 er du nom, seigneur de Rouessé, de la Houdinière, etc..., servit dans la Compagnie des 30 gentilhommes, comme on le constate dans un rôle daté du 10 août 1562. il fut lieutenant pour le roi, en la ville de Laval le 28 janvier 1569 et fait chevalier de l'Ordre du Roi le 13 août 1570. Il épousaHardouine Hardy de la Roche en 1545.
Claude de Meaulne, 1 er du nom, chevalier, seigneur de Rouessé, fut l'un des 100 gentilhommes ordinaires de la Chambre du Roi. Le 2 décembre 1616, il fit le retrait lignager de la Chatellénie de Lancheneil (Nuillé-sur-Vicoin). Cette terre était sortie des seigneurs de Mathefelon. Il épousa en 1587, Louise de la Haye, dame de Brissarthe.
Dans un aveu de 1622, Claude (I) de Meaulne décrit sa maison seigneuriale (voir à la page "17 ème siècle / 1622".).
Urbain de Meaulne épousa Anne Amellon. Il servit au siège de la Rochelle, en 1626, comme enseigne de camp du marquis de Sablé. Il achète en 1632, au seigneur du Plessis-Perrot, la charge de grand maître enquêteur et de réformateur général des eaux et forêts de France, et est enterré dans l'église de Grenoux en 1666.
En 1666, Claude (III) de Meaulne , 2 ème du nom (Claude II de Meaulne, frère de Urbain de Meaulne est mort en 1604 âgé d'environ 3 mois), Il servit sur les côtes de Bretagne, en 1674, contre les Hollandais. Il a épousé Marie-Julie-Judith le Gallègre. Ensemble, ils ont 11 enfants entre 1668 et 1688, certains mourront très jeunes. La mort de Claude (III) de Meaulne en 1693, survenue en voyage à Ancenis, en une auberge, fut suivie de procès entre sa veuve et ses enfants. Quand le messager vint annoncer à Marie-Judith Le Gallègre – c'est le nom de la dame de Meaulne – que son mari était à toute extrémité et qu'il mandait avec Jean Leroyer, son chapelain de Lancheneil, «elle marqua beaucoup de douleur, jusqu'à presque s'évanouir »; mais elle laissa l'abbé partir seul et s'occuper seul aussi des funérailles, annonça moins de deux mois après son projet de mariage avec Antoine de Reclesne (en 1694), et fut accusée par Henri de Meaulne, son fils aîné, d'avoir détourné une grande partie des effets mobiliers, des valeurs et de l'argent du défunt « qui avoit beaucoup d'ordre et passoit pour très riche». Cela concerne notamment des biens se trouvant das la région de Nantes.
Henri de Meaulne, fils aîné, est aussi l'héritier principal des biens de son père. Il héritera entre autre des terres de Lancheneil à Nuillé-sur-Vicoing et acceptera de « délaisser » une partie des biens de Claude (III) de Meaulne à ses frères et sœurs cadets suivant une volonté de son père. Un acte de 1706 atteste que Henri de Meaulne « auroit renoncé à rien prétendre dans la part de ceux de ses frères et sœurs ... »
Toutefois cela ne se fait pas tout seul, il faudra attendre 1722 pour que le partage en quatre lots égaux des biens de Claude (III) de Meaulne se fasse. Ces partages concernent Claude (IV) de Meaulne (1669-1748) seigneur du Bourny, Gabrielle-Anne de Meaulne (1676-1720) qui épousa en 1696 Claude-Pierre du Plessis de Mongenard, Marie-Renée Labbé de Champagnette fille de Françoise-Renée de Meaulne et de Antoine Labbé de Champagnette, Julien-René de Meaulne, seigneur de Rouessé (1683-1748).
Entre temps, de 1693 jusqu'au dit partage, Claude (IV) de Meaulne s'accapare le domaine de Rouessé et tout ce qui en dépend. Ce sera aussi une cause de « procès » entre frères et sœurs. En mai 1720 se tiennent des assises de vieux; un aveu est rédigé à cette occasion. En 1722, suite à une demande de Claude (III) de Meaulne, le domaine de Rouessé et ses dépendances est partagé en quatre lots de même valeur.
Le premier lot comprenait « le chasteau, cours, bastiments, et jardins de Roüessé avec la seigneurie du même nom paroisse de Grenoux, et patronnage, domaine, fiefs, hommes, sujets, vassaux, hazards de profits, effets de fief, rentes, en dépendant avec les revenüs, et allées, les bois ou étoile, fresnaye, douves et réservoir,
Item la closerie de la Tesserie réunie au domaine en conséquence de jugement du siège de l'élection de Laval rendu avec les collecteurs de la dite paroisse de Grenoux, à la charge pour le seigneur du présent lot de payer ferme de continuer à l'avenir les rentes cy après à compter du premier terme qu'elles se trouveroient deües après le dit jour et feste de Toussaint prochain savoir sept livres au comté de Laval » ainsi qu'une somme d'argent que devra fournir le preneur de ce lot aux preneurs des autres lots pour un partage équitable. Ce premier lot reviendra à Julien-René de Meaulne.
Le deuxième lot est « la demeure le lieu et métairie de la Bretèche situé paroisse de Saint Berthevin avec le droit d'usage en la forest de Concise, à ce qui peut y avoir de semences et bestiaux apartenants aux dits partageants, item une maison en ruisne et jardin en dépendant située au bourg et paroisse de Louvigné, item la rente foncière de quarante une livres trois sols deüe sur la maison et hostellerie de Saint Jacques faubourg du Pont de Mayenne de Laval dont le sieur Lancrau est propriétaire, item la rente de quatre livres dix sols deüe sur une maison size rüe de Rivière du dit Laval qui fut autrefois à Daniel Duchemin sieur de Courgé, ... ». Il reviendra à la demoiselle Marie-Renée Labbé de Champagnette.
Le troisième lot est « la moitié par indivis du lieu et métairie et fief de la Tournerie situé paroisse de la Bazoche près la ville du Mans avec les bestiaux et semences en ce que les dits partageants peuvent y être fondés l'autre moitié du dit lieu apartenant au sieur le Bourdais assesseur en la dite ville du Mans, item le lieu et closerie du Bourny dite paroisse de Grenoux avec ce que peuvent avoir les dits partageants de semences et bestiaux sur le dit lieu, item trois maisons, jardins et terres en dépendant situées au village du Rocher paroisse d'Entrammes dont il y en a une qui est en ruisne, ... ». Il reviendra à Claude (IV) de Meaulne qui se fera alors appelé seigneur du Bourny. Ce lot lui a été attribué par défaut, étant le dernier dans la « choisie ». Il résidera rue des Ursules (actuellement rue du Lycée).
Le quatrième lot sera pris par Gabrielle-Anne de Meaulne et Claude-Pierre du Plessis de Mongenard. Il est composé du « lieu et métairie de la Secruère situé paroisse Manir??? près Sillié avec ce qui peut se trouver de bestiaux et semences apartenant aux dits partageants, item le lieu et closerie de la Diorée dite paroisse de Grenoux avec les semences aussy en ce qui s'en trouvera apartenir aux dits partageants, ... »
Le domaine et ses dépendances reviennent à Julien-René de Meaulne.
Les frères et sœurs s'étaient engagés à entretenir les bâtiments le temps que les partages se fassent ce qui n'a pas été le cas. Les plus jeunes demandant à Claude (IV) de Meaulne l'ainé des puisnés des comptes sur la période où il a bénéficié seul du domaine. Ils veulent aussi récupérer les titres de ces différents lieux qui dépendaient de la « foi et hommage » du seigneur de Rouessé. Ils n'accepteront « d'enterrer la hache de guerre » qu'en 1747. En 1748, Claude (IV) de meaulne meurt à l'âge de 79 ans ainsi que son frère Julien-René à 65 ans.
A la mort de ce dernier sa veuve (deuxième épouse), Jeanne-Andrée-Françoise de Coustard de Souvré accepte la garde-noble de leurs deux filles Marie de Meaulne qui mourra à l'âge de 4 ans en 1749 et de Marthe-Marie de Meaulne. Elle gèrera seule le domaine. En 1773, elle demande à différents « Conseils » (du Maine, d'Anjou, de Paris) quels sont ses droits en rapport avec la garde de ses filles, à la succession de son époux et de la jouissance de ses biens. On lui reprochera alors de ne pas avoir entretenu les lieux. Elle répondra que comme elle les avait reçus en ruine, elle les a rendus dans le même état et qu'ainsi sa fille n'a rien perdu. Elle devra lui rendre les comptes de cette période. Le domaine est dans un triste état, il suffit de lire les « montrées et prisées » qui ont été faites en 1749 après la mort de son époux pour s'en rendre compte. Tout menace de s'écrouler et il n'y a plus beaucoup de meubles dans le château. Les bâtiments de la métairie et des closeries ne valent pas mieux.
En 1784, Marthe-Marie de Meaulne épouse Joseph-François de Paule-Henry-Geneviève-Jean Baptiste de Préaulx, arrière-petit-fils de son oncle Henry de Meaulne (frère aîné de son père). Le domaine quitte la famille de Meaulne. Il faudra attendre le début du XIX ème siècle pour que les bâtiments du domaine, château, métairie, closeries soient refaits parfois à neuf.
Le dernier seigneur de Rouessé est décédé à Versailles en 1802.
Sources : Extrait du "Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne" par l'abbé Angot
Stéphane Hiland "Si le Bourny m'était conté, épisode 1" n°4 des nouvelles, septembre 2003
ADM : 29 J 1 à 9; 96 J 4
La maison de Meaulne par le vicomte Royer Saint-Micaud (1904)
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